L'arbre, le maire et la médiathèque est un bijou d'intelligence et de drôlerie en plus d'être absolument visionnaire sur notre société actuelle. C'est un film où s'établit ce que l'on pourrait appeler un certain génie français. Tout y est léger, précis et absolument imprévu. S'y côtoient des personnages extrêmement théâtraux, de la chanson, du documentaire, et des thèmes de société encore aujourd'hui parfaitement actuels. Présenter une adaptation tout terrain (salle et extérieur) de cette oeuvre c'est vouloir remettre toute cette intelligence et cette légèreté sur scène, dans un théâtre, une salle des fêtes ou en extérieur, pour remettre l'objet théâtral et la chose publique au contact du spectateur.

Mais ce que Rohmer nous montre ici est bien plus qu'un film sur la politique, c'est un film mû par un double but : parler de politique et parler de la manière politique de faire des films. 

Nous connaissons l'économie des films de Rohmer, son absence d'équipe technique, le faible coût de production de chacun d'eux (pour celui-ci pas d'aide du CNC) et le côté artisanal de ses films. L'arbre, le maire et la médiathèque est le film qui opère cette mise en abîme de son cinéma.

Cette fable, par sa forme, par sa construction avec des Si, est une réflexion sur comment faire des films. Avec quels moyens économiques? Quels genres employer ? Et sur la place des dialogues comme création de sens et de continuité entre les personnages.

C'est cette mise en abyme cachée derrière toute cette maestria qui m'intéresse et que nous ferons nôtre. Que nous tirerons de notre côté à nous : le Théâtre.

Ainsi nous mènerons en parallèle notre fable politique et la mise à nue de la machine théâtrale et nousnous servirons du genre de la fable pour nous ouvrir les possibles. Le théâtre réaliste et Rohmérien nous servira ici d'introduction à une théâtralité franche en train de se faire, montrant les comédien.ne.s au travail, leurs accessoires et la fabrique théâtrale de cette histoire. Nous créerons un quatrième mur pour mieux l'abattre, nous chanterons, nous apostropherons le public, jouerons de la musique et d'accessoires anachroniques etc... pour mieux rendre la cacophonie, l'absurde et l'infinie richesse de ce petit monde placé sous observation. Pour prolonger ici le geste de Rohmer et nous interroger sur notre art, le Théâtre, sur sa fabrique et son artisanat.

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Guillaume Gras